"Quelques minutes après minuit" de Patrick Ness, ill. de Jim Kay chez Gallimard jeunesse, 2012
Oh là là, la belle merveille, le joli délice de lecture ! C'est mon gros coup de coeur de roman jeunesse !
Conor est jeune garçon d'une dizaine d'années qui vit seul avec sa mère malade d'un cancer. Trois de ses "camarades" d'école le maltraitent parce que c'est un petit garçon plutôt solitaire, qui s'isole d'autant plus que tous, à l'école, ont connaissance de sa situation familiale malheureuse. Et Conor en veut à son amie Lily d'avoir vendu la mêche.
Tandis que sa mère se meurt, Conor reporte tout son espoir sur le bel arbre du jardin qui se transforme en une sorte d'humain à la taille monstreusement démesurée. Le monstre, comme l'appelle Conor, quand il vient s'adresser à lui, le fait à minuit et sept minutes. Ces visites, d'abord inscrites dans un rapport de force s'apaisent peu à peu puisque Conor pense que l'arbre aura, en recours ultime, le pouvoir de sauver sa mère.
Le monstre annonce qu'il aura quatre histoire à raconter à Conor, quatre histoires qui apprendront au jeune garçon que le Bien n'est pas là où il paraît être.
Et Conor, en osant dire SA vérité, ou plutôt en y étant acculé par le monstre, pourra voir l'issue de son tourment, qui n'est peut-être pas là où il voudrait qu'elle soit.
Il n'en demeure pas moins qu'un tel cadeau du destin (du monstre) lui permettra de poursuivre son chemin sans culpabilité...
L'écriture est belle, franche, émouvante, captivante et généreuse, tout comme ce projet littéraire dont l'idée a été empruntée par Patrick Ness à Siobhan Dowd qui est décédée d'un cancer en 2007. Je trouve que c'est un magnifique hommage rendu à Siobhan Dowd grâce à sa maîtrise et à sa force littéraire mais aussi grâce aux illustrations, de Jim Kay, en noir et blanc, qui sont tout simplement réussies.
A lire ABSOLUMENT !
"C'était un rêve. Qu'est-ce que ça aurait pu être d'autre ?
Quand il avait ouvert les yeux ce matin, la première chose qu'il avait regardée, c'était la fenêtre. Et elle était toujours là, bien sûr, absolument pas abîmée; elle n'avait rien d'un trou béant ouvert sur le jardin. Bien sûr. Seul un môme aurait pu penser que c'était vraiment arrivé. Seul un môme aurait pu croire qu'un arbre -sérieusement, un arbre ! - était sorti du cimetière pour attaquer la maison.
Il avait ri un peu en y pensant, à l'absurdité de toute cette histoire, et il s'était levé.
Il avait senti quelque chose craquer sous ses pieds.
Le plancher était entièrement tapissé de petites aiguilles d'if, jusqu'au moindre centimètre carré." p.21