"La Femme infidèle" de Philippe VILAIN chez Grasset, 2013

Publié le par Cécile


2013-04-30 13.35.37

 

Pierre Grimaldi vit une vie des plus banales d'homme marié depuis huit années, au compte bancaire correctement garni de comptable qu'il a pour métier. 

Tout ce ronronnement s'écroule le jour où il s'aperçoit que son épouse a un amant. Cet événement opère une déflagration chez le narrateur qui, pourtant, n'avouera jamais à sa femme ce qu'il a découvert.

 

Ce roman introspectif met en lumière toute la palette de sentiments ressentis par l'époux, leur analyse, leur évolution. Je trouve de ce point de vue le roman très riche et, qualité supplémentaire, le narrateur tente de comprendre sa femme. Rien ne pourra plus être comme avant, du temps de l'innocence, mais cette volonté de compréhension octroie une dimension supérieure au narrateur et donc au roman.

 

A découvrir.

 

"Après l'histoire, que reste-t-il après l'histoire, hormis les souvenirs et les regrets, que reste-t-il après l'histoire sinon le sentiment d'avoir dépassé l'amour, d'être entré dans sa prolongation, son temps additionnel ? Mon histoire est l'histoire d'un survivant, d'un mari trompé assez naïf pour se persuader qu'il est encore aimé, d'un cocu résigné à contempler le désastre de son couple; mon histoire est l'histoire d'un homme qui ne comprend pas, qui ne comprend plus ce qui lui arrive, l'histoire d'un homme incapable de réagir, de décider quoi que ce soit comme d'envisager son avenir sans sa femme : quand je faisais l'effort d'y songer, je n'envisageais jamais la possibilité de la quitter, seulement celle qu'elle me quitte, comme s'il entrait dans l'ordre des choses, maintenant qu'elle me trompait, que ce soit ma femme qui rompe la première. (...)" p.51-52

 

"Ce même soir, sur le balcon éclairé, ma femme téléphonait. Radieuse dans la robe bleue sans manches qu'elle venait de passer. Elle semblait s'être faite belle juste pour téléphoner. Elle ne parlait pas assez fort pour que j'entende ce qu'elle disait, mais, derrière la vitre, du fauteuil où j'étais assis, je la sentais heureuse, je me sentais méprisé. S'il est douloureux d'aimer sans être aimé, il l'est davantage encore de n'être plus aimé, me disais-je en voyant ma femme sourire, car, dans le premier cas, la souffrance d'aimer est faite de l'espoir que le temps modifie les choses, pas dans le second. il n'y a rien à faire quand l'amour se meurt, sinon en prendre acte. On peut espérer conquérir un coeur que l'on n'a pas encore conquis, alors qu'il est impossible de ranimer un coeur qui a cessé de battre pour vous. (...) Celui qui jusque là vous aimait, s'exaspère de tout ce qui vous concerne, et vous considère, au mieux comme un ennemi, au pire avec indifférence." p.86-87  

Publié dans Romans francophones

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